Pour la plupart d’entre nous (les acteurs du secteur culturel et plus particulièrement des arts vivants), le confinement a surgi dans nos vies de manière brutale. Malgré les informations qui nous parvenaient depuis plusieurs semaines, chacun se voulait rassurant quant à l’impact possible sur nos vies quotidiennes et surtout sur la fin de saison. Pour les structures et bien plus encore pour les compagnies, et les artistes, les annonces de restrictions de rassemblements, puis de déplacements et enfin de confinement sont venues rapidement stopper l’élan engagé et les événements en cours.
Les contenus culturels essentiels à l’équilibre en période de confinement
S’en est suivie une période nécessaire d’organisation et de gestion de l’urgence sociale et administrative pendant laquelle l’espace médiatique a été préempté par les poids lourds du secteur, et du digital, dont le personnel, la structuration et l’expertise permettaient de faire face à de telles situations de crise.
Aujourd’hui, le confinement est installé et nul ne sait réellement quand il prendra fin. Pendant cette période, bien que la situation ne soit pas égale pour tous (selon sa situation personnelle, sociale ou économique) nous savons aussi que tous les individus sont ultra-connectés et que pour 53 % des internautes interrogés par Hadopi, la consommation de produits culturels est même « la plus indispensable (hors travail) à leur équilibre ».
Dans ce contexte, pour certains acteurs du spectacle vivant, il est à la fois essentiel mais aussi utile de nourrir le lien avec les publics. Pour d’autres, il peut même être l’occasion de créer un lien nouveau avec des communautés dont l’attention est plus mobilisée pendant cette période. En effet, en raison de cette ultra connexion, nous pouvons interagir avec davantage de monde, c’est donc une réelle opportunité, de faire tomber les cloisons, de rendre accessible certains contenus.
Prendre le temps de la réflexion et privilégier le premier cercle au quotidien
La priorité dans cette période est tout d’abord d’informer correctement les publics, par le biais des outils sociaux à disposition, à commencer bien entendu par l’interne. Être à l’écoute des situations et des besoins et des difficultés de chacun, inventer de nouveaux modes de travail, impliquer davantage lorsque c’est possible est prioritaire dans une telle situation. Non seulement pour gérer le quotidien mais pour préparer la sortie de crise qui sera longue.
Auprès des publics externes, la publication de communiqués réguliers sur l’impact des mesures sur les événements en cours, les propositions de contenus créatifs ou inédits et la création d’un dialogue participatif permettent de rassurer mais surtout de démontrer la capacité d’adaptation des organisations.
Les difficultés principales résident dans la définition du ton approprié à la situation et d’un rythme de prise de parole remis régulièrement en question, chaque semaine voire chaque jour, par l’actualité.
Préparer la sortie de crise
Pour cela, il est nécessaire de prendre le temps de la réflexion et de la concertation. S’il est fondamental de ne pas disparaître des radars, il est au moins aussi important de ne pas se précipiter. Les crises nous poussent à réinterroger les fondamentaux de nos organisations. C’est donc l’occasion de travailler le fond et là encore de profiter du temps disponible pour questionner nos publics privilégiés et en priorité les partenaires institutionnels et les médias.
La multiplication des contenus créatifs proposés par les institutions en lien avec les artistes eux même est le témoignage de la capacité d’adaptation du secteur. Désormais, l’enjeu pour chacun va être de s’appuyer sur ce lien nouveau pour inventer l’après-crise.
Illustration : Orchestre national de France / Opéra de Paris